Interview de Jérôme et Floriane dans Topexpos Magazine

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Le Cameroun est un pays d’Afrique équatoriale qui concentre de nombreuses richesses naturelles, la savane et les terres désertiques au nord, les longues plages au sud et les montagnes à l’ouest sans oublier ses forêts, ainsi qu’une richesse humaine avec pas moins de 130 ethnies qui parlent des dizaines de langues différentes.

Pourquoi avez-vous décidé de partir vivre au Cameroun ?

[Floriane] En février 2000, Jérôme souhaitait changer de travail et a trouvé une mission à Douala au Cameroun. Dans le cadre de son activité dans la logistique internationale, plusieurs pays lui avait été proposés mais c’est la chaleur de l’Afrique qui a retenu son attention, et la mienne. Nous n’avions jamais visité ce grand continent mais notre envie de découvrir le monde a pris le dessus et nous sommes partis nous installer là-bas. Nous sommes restés 4 ans au Cameroun avant de partir sur les routes d’Asie et de la Nouvelle Calédonie. Nous y sommes revenus en 2010 et sommes restés 3 ans de plus, avant de migrer jusqu’au Congo et au Ghana. Une vraie vie de baroudeurs !

Que faisiez-vous là bas ? Les débuts ont-ils été difficiles ?

[Floriane] Jérôme travaillait donc dans la logistique internationale et pour ma part, j’étais professeur au Lycée français Dominique Savio de Douala. Le Cameroun est le premier pays où nous sommes allés vivre en quittant la France. C’était un sacré changement ! Mais notre volonté de voyager et notre passion familiale pour l’Afrique nous ont vite décidés.

Lorsque nous nous sommes installés, nous avions quelques appréhensions, un peu peur de sortir la première semaine. Douala est une ville où il règne une certaine insécurité, accentuée à l’époque par des vagues de violence et de justice populaire. Mais c’est surtout un autre pays, avec ses codes et ses règles que nous avons progressivement réussi à apprivoiser. Nous sommes je crois très sociables et nous avons rapidement pu nous faire des connaissances et des amis.

À part votre travail, à quoi occupiez-vous vos journées ?

[Jérôme] Nos métiers respectifs étaient prenants mais nous avions à cœur de découvrir ce pays aussi magnifique que diversifié. Nous avons fait une course d’orientation mémorable, nous passions nos longs week-ends sur les plages de sable noir de Limbé ou sur les plages de sable blanc de Kribi au sud de Douala, parfois un peu de randonnée du côté du mont Cameroun, un volcan qui dépasse les 4000 mètres. Nous avons également eu la chance de participer et de défiler au Ngondo, la grande fête locale à Douala.

Mais nous aimions aussi prendre notre temps près de chez nous, se balader dans la ville de Douala, vers le port qui grouille d’activité et où émerge souvent une odeur de cacao due à la déshydratation manuelle pour l’exportation. Enfin, nous appréciions boire un verre au bord du fleuve, dans de petites gargotes qui servent du poisson braisé sauce verte, un des plats préférés des Douala (les habitants portant le même nom que leur ville).

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À ce sujet, il paraît qu’on mange bien au Cameroun, confirmez-vous ?

[Floriane] En effet ! Le plat qui vient tout de suite à l’esprit, c’est le Ndole-Miondo. Ce sont des feuilles de légume cuisinées aux arachides bouillies puis écrasées, auxquelles sont ajoutées des épices et de l’huile. On le consomme avec des crevettes ou du poisson, ainsi que des plantains frits.

Nous mangions aussi beaucoup de bâtonnets de manioc, les bôbôlôs ou miondos suivant la région où l’on se trouve (c’est subtil, mais à Douala le manioc ne se nomme pas bôbôlô). Ils se présentent sous la forme de tubercule fermenté pilé, enveloppé dans une feuille en forme de bâton et cuit à la vapeur. Le poisson braisé est également très populaire, surtout vers la côte Atlantique, et se sert avec des bôbôlôs ou des missolè, les plantains frits. Côté boisson, il faut évoquer ce fameux thé noir, qui infuse très vite, nommé Ndawara Tea et cultivé dans le nord-ouest du pays.

Avez-vous visité le Nord du pays ? Il paraît que c’est presque un autre Cameroun ?

[Floriane] Nous avons beaucoup aimé le Nord du Cameroun, notamment Maroua. C’est « le paradis sur terre », l’Afrique qui fait rêver, une ville paisible à la douceur sahélienne, peu de circulation et des gens gentils. Le marché de Maroua est à visiter si l’on aime comme nous l’artisanat.

[Jérôme] Maroua est aussi le point de départ de nombreuses visites dans le Nord. Le parc national de Waza, à une centaine de kilomètres, est un endroit idéal pour observer des girafes, des éléphants et tous types d’oiseaux. Le long de la forêt nigériane, on trouve le pic Kapsiki, un rocher culminant à 1224 m. On est là-bas dans une ambiance plus désertique, presque lunaire. Il ne faut pas manquer non plus les gorges de Kola, une véritable curiosité géologique. Enfin, nous avons visité la ville de Garoua, le chef-lieu du Nord-Cameroun, où l’artisanat est là aussi très en vogue, avec des artisans qui travaillent le bois, le métal… et fabriquent des bijoux, des sculptures. L’attraction touristique de Garoua était sans nul doute l’hippopotame Africa, patiemment amadouée par un pêcheur pendant 16 ans, au point que les enfants ou les quelques touristes pouvaient la nourrir, la caresser et même la chevaucher. Une expérience ! Aujourd’hui, Boko Haram s’est infiltré dans le Nord Cameroun, le visiter n’est pour l’instant plus possible. Espérons que dans les années à venir, les autorités camerounaises sauront restaurer l’ordre et la sécurité dans ces régions tellement belles à découvrir.

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Quelles sont les aventures ou les anecdotes qui vous ont le plus marquées ?

[Floriane] Au niveau des paysages, c’est certainement le Nord qui nous a profondément marqué mais au-delà, c’est la variété extraordinaire de ce pays qui vous envoûte. La Ring Road à l’extrême Ouest a été une aventure incontestable. À cette époque, la route était une piste cabossée et infranchissable en berline. Nous étions partis avec un couple d’amis et leur petite fille de 4 ans sans vraiment savoir ce qui nous attendait. Il nous aura fallu 1 journée de route depuis Bamenda pour accéder au lac surveillé en permanence par des militaires.

En effet, le lac dégage des gaz toxiques ayant fait plusieurs morts dans la vallée en 1986. Nous sommes arrivés là avec une certaine appréhension et sans savoir vraiment quel accueil nous réserveraient les militaires. Après la méfiance, les questions et vérifications d’usage sur notre venue et nos identités, c’est avec grand plaisir qu’ils nous ont accueilli et nous ont permis de dormir sous leur auvent dans nos sacs de couchage. Nous avons ce soir-là converser avec eux autour d’un bon thé noir. Ils étaient ravis car nous les sortions de leur torpeur et apportions un peu de gaieté. À cette époque, la route étant en très mauvais état et le lac très isolé, ces militaires se retrouvaient seuls, loin de tout avec des vivres pour plusieurs semaines et juste quelques villageois leur apportant des nouvelles.

Après une nuit agitée car nous n’arrivions pas à dormir sur nos deux oreilles, nous étions heureux de découvrir le lendemain matin un lac magnifique blotti au creux de collines d’herbes sèches dont les pentes raides plongent dans le lac. Nous étions seuls, heureux et loin de tout. Une petite baignade dans le lac nous a permis de surmonter définitivement les angoisses d’un lac sous haute surveillance à la beauté sauvage malgré tout.

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Si vous le pouviez, y retourneriez-vous aujourd’hui ? Quels conseils donneriez-vous à qui souhaite découvrir le Cameroun ?

[Jérôme] Nous avons vécu 7 ans au Cameroun et sommes très attachés à ce pays. C’est incontestablement un pays à découvrir mais qui ne connait pas de flux massif de touristes. Alors, il est nécessaire de bien se renseigner avant son départ, l’idéal étant de connaître du monde qui y vit pour vous donner les codes et usages.

Y aller 15 jours est un minimum mais attention, aujourd’hui beaucoup de zones sont déconseillées aux voyageurs et il est indispensable de s’informer sur la situation région par région avant son départ. Ce qui est certain, c’est que pour avoir vécu au Cameroun et au Congo, l’Afrique Centrale est encore un coin du monde à découvrir.

 

Propos recueillis par Julien Gavenc.

 

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Découvrir Topexpos Magazine n°53 - Mai 2021


Le Cameroun, l'Afrique en miniature :

• Interview de Floriane et Jérôme
• Douala, l’indomptable
• Randonnée au Mont Cameroun
• La cuisine au Cameroun
• Escapades au nord du Cameroun
• Ethnies et traditions
• Le Cameroun insolite

 

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